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LES VEUVES

De Steve McQueen avec Viola Davis, Michelle Rodriguez, Eliza Debicki

Les Veuves de Steve McQueen
Les Veuves de Steve McQueen

Chicago, de nos jours. Quatre femmes qui ne se connaissent pas. Leurs maris viennent de mourir lors d’un braquage qui a mal tourné, les laissant avec une lourde dette à rembourser. Elles n’ont rien en commun mais décident d’unir leurs forces pour terminer ce que leurs époux avaient commencé. Et prendre leur propre destin en main…

Hormis la séquence de hold-up introductive, Les Veuves est un thriller élégant et bien écrit, sobre, sans abus d’effets spéciaux ou de roublardise de montage, qui a aussi le mérite de faire de la ville de Chicago un protagoniste à part entière de la narration : « Les personnages sont nombreux et se situent dans des zones aussi différentes que Lawndale ou Lake Shore Drive, ce qui implique des contextes socio-économiques très diversifiés, mais aussi des environnements ethniques (…) distincts. Il fallait être respectueux de toutes ces caractéristiques, leur correspondre, tout en créant une homogénéité pour que ce travail, si l’on peut dire, passe inaperçu », a précisé le réalisateur.

Il a été ici bien épaulé par son fidèle chef opérateur Sean Bobbitt dont l’éclairage met en avant les nuances révélant l’aisance des plus riches, avec des couleurs normales, tandis qu’une luminosité moindre et un mélange de teintes suggèrent le chaos inhérent aux déshérités. Et au détour de plusieurs séquences, on retrouve la griffe à la fois distante et incisive de McQueen, quand Veronica découvre un douloureux secret dans l’appartement d’une rivale, ou lorsque le souvenir d’un deuil ancien (furtifs flashback) vient raviver des souffrances. Et pourtant, en dépit de sa facture impeccable, Les Veuves nous laisse un peu sur notre  faim, car McQueen était apparu comme l’un des plus singuliers nouveaux auteurs du cinéma contemporain. Or, le sentier qu’il emprunte semble parfois balisé, aseptisé, manquant d’inventivité, avec une pesanteur dans les intentions féministes ou une caractérisation des méchants (le politicien véreux, le truand sadique) trop conventionnelle pour convaincre pleinement, en dépit de l’interprétation tonique de Colin Farrell et Daniel Kaluuya. Malgré ces réserves, Les Veuves reste au final un bon film policier, exercice de style séduisant qui a le charme des séries B d’antan.

Gérard Sérié

Les Veuves – Bande-annonce