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Les Graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof avec Misagh Zare, Soheila Golestani, Mahsa Rostami
Les Graines du figuier sauvage – Synopsis
Le film Les Graines du figuier sauvage (persan : دانهی انجیر معابد ; allemand : Die Saat des heiligen Feigenbaums ; anglais : The Seed of the Sacred Fig), réalisé par Mohammad Rasoulof et sorti en 2024, est un drame poignant et puissant. Présenté par l’Allemagne au Festival de Cannes de la même année, il y a reçu plusieurs distinctions, dont le prix FIPRESCI, le prix du jury œcuménique, le prix de l’AFCAE, ainsi que le prix François-Chalais.
Le récit se déploie autour d’Iman, un homme intègre et juriste de profession, récemment promu enquêteur au tribunal révolutionnaire de Téhéran après vingt ans de carrière. Cette nomination, qui aurait pu marquer un tournant glorieux dans sa vie, l’amène à affronter des dilemmes moraux de plus en plus lourds. On lui demande en effet d’approuver des condamnations à mort sans prendre le temps d’analyser les affaires qui lui sont soumises. Par ailleurs, on lui remet un pistolet pour sa protection personnelle et celle de sa famille, qu’il garde soigneusement dans son tiroir chaque soir.
Dans le même temps, la révolte nationale du mouvement Femme, Vie, Liberté, contestant le port obligatoire du hijab, secoue le pays. Ses filles se retrouvent indirectement mêlées à cette vague de protestations. Lorsque sa femme et ses deux filles viennent en aide à une étudiante blessée, elles décident de taire cet événement à Iman, par crainte de représailles. De son côté, Iman se voit conseillé par ses collègues de dissimuler ses activités professionnelles à sa famille, afin d’éviter toute pression extérieure.
Les tensions grandissent au sein de la famille, et Iman, hanté par la peur et la méfiance, commence à surveiller de près les agissements de ses filles, qu’il accuse de céder à la propagande anti-iranienne. Le tournant décisif survient lorsqu’un matin, il découvre que son pistolet a disparu. Ce simple incident menace non seulement sa liberté, mais également sa carrière et son statut social. En proie à la paranoïa, il se met à soupçonner les femmes de son foyer de lui avoir menti.
Ce long-métrage illustre avec finesse les tourments intérieurs d’un homme partagé entre son devoir et sa conscience, dans un contexte politique et social particulièrement troublé.
Les Graines du figuier sauvage – Critique du film
UNE AFFAIRE DE FAMILLE
Entre faux huis clos et thriller politique, traitant du quotidien d’une famille traditionnelle iranienne prise au piège d’une dictature, nous découvrons dès le départ les tentions qui existent entre la génération timorée des parents et celle de leurs deux jeunes filles étudiantes qui tentent de s’émanciper envers et contre tout.
Si le rythme du film est un tantinet lent et long (2h47) il n’en demeure pas moins que le titre français correspond bien à l’histoire.
Il s’agit bien d’un drame qui se déroule à Téhéran, où un mouvement de protestation populaires secoue le pays et où son réalisateur qui a connu les geôles de son pays sert dans son film une ambition plus politique que poétique.
Un film exceptionnel pour sa construction
Le film est exceptionnel, et pas seulement pour son courage, mais aussi pour sa construction, avec une poignée de scènes de violences incroyables à peine supportables.
Les manifestations relayées par de nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux nous montrent ouvertement les exactions du pouvoir, et rythme une histoire qui va ébranler jusque dans ses fondements une famille « bourgeoise » dont le le père de deux jeunes filles survoltées.
Film nécessaire et très grand moment de cinéma, rarement une oeuvre aura montré avec autant de rigueur et de maîtrise l’emprise de déshumanisation d’un régime totalitaire et ceci sans sortir d’un espace domestique restreint.
Le point central du long-métrage est aussi et surtout le combat des femmes iraniennes qui veulent s’affranchir de la domination masculine et tentent par tous les moyens et la force, de les faire plier.
Lorsque l’arme de ce juge disparait chez lui, il finit par soupçonner sa femme et ses filles avant de sombrer dans la paranoïa, en appliquant à ses proches, les mêmes méthodes de torture psychologique qu’il utilise dans l’exercice de sa fonction d’enquêteur et de juge.
La fin de Les Graines du figuier sauvage tourne au western familial où s’affrontent physiquement jusqu’à la mort le père et ses trois femmes .
Tourné dans la clandestinité avec un casting courageux, ce film a autant plus de mérite d’exister compte tenue de la situation en Iran.
Saluant au passage l’excellent jeu des interprètes qui ont pris tous les risques pour dénoncer ouvertement cette dictature qui frappe en premier les iraniennes.
Gérard SERIE
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