Changement de direction, rapprochement avec le musée des Beaux-Arts, fonctionnement de la Biennale d’art contemporain, l’adjoint à la culture, Loïc Graber, a présenté ce mercredi la nouvelle organisation du MAC de Lyon.
Le musée d’Art Contemporain de Lyon marque une nouvelle page de son histoire avec une direction renouvelée et collaborative qui va impulser un projet axé sur l’émergence, les nouveaux territoires artistiques, l’international et des partenariats innovants. Isabelle Bertolotti, actuelle responsable des expositions du MAC, prend la direction du musée. Elle sera accompagnée de Matthieu Lelièvre, historien de l’art et commissaire indépendant, en tant que conseiller artistique avec pour mission de développer les liens avec la jeune création et les réseaux internationaux.
Cette nouvelle gouvernance s’inscrit dans le cadre du pôle des musées d’art de la Ville de Lyon initié au printemps et dirigé par Sylvie Ramond, également directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon. Cette démarche de rapprochement du musée d’Art Contemporain et du musée des Beaux-Arts marque un tournant dans la politique culturelle de la Ville de Lyon avec l’ambition de donner une envergure internationale à ses musées et à leurs collections à travers des projets transversaux innovants.
Le Mac de Lyon : laboratoire
Isabelle Bertolotti succède à Thierry Raspail, fondateur du MAC en 1984, initiateur de la Biennale d’art contemporain de Lyon et de nombreuses expositions et événements majeurs (Warhol, Keith Haring, Combas, Erro, Ben, Yoko Ono ou actuellement la rétrospective Bernar Venet …). Elle dirige désormais le musée et assure la direction artistique de la Biennale d’art contemporain.
La nouvelle direction du MAC a pour ambition de mettre en valeur une collection exceptionnelle tout en développant le positionnement du musée sur le plan européen et international par des projets d’expositions et des collaborations avec d’autres structures, que ce soient des musées mais aussi des formes plus ouvertes, (artistes run spaces, tiers-lieux…). Le regard du MAC se tourne vers des scènes étrangères innovantes en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe.
Cet accent mis à l’international vient en parallèle d’une action forte au niveau local : le MAC doit jouer un rôle d’animateur de l’art contemporain sur le territoire lyonnais. L’objectif est d’amplifier les liens avec de nouvelles générations d’artistes ainsi qu’avec les établissements d’enseignement (Ensba – école des Beaux-Arts de Lyon, Ecole d’architecture, INSA, ENS… ; mais aussi les écoles des métiers d’art, la formation professionnelle, SEPR…), tout en s’associant à des manifestations et festivals culturels.
Interférences : l’art au coeur des enjeux de société
Pour mener à bien ce projet, le MAC s’appuie sur une gouvernance collaborative. Isabelle Bertolotti est en effet accompagnée d’un conseiller artistique pour la jeune création, en la personne de Matthieu Lelièvre, commissaire indépendant, expert de l’art contemporain et de la jeune scène internationale (voir portrait). Sa mission : explorer la création émergente et les réseaux internationaux pour décloisonner les scènes artistiques, les formats et les thématiques d’exposition en mettant les problématiques actuelles de la société, ses enjeux sociologiques et technologiques au cœur de la programmation.
Matthieu Lelièvre a ainsi imaginé le programme Interférences axé sur l’apprentissage, la rencontre et l’échange. A travers des performances, des rencontres, des expositions… Le MAC s’impose comme une plateforme incontournable et internationale ouverte sur la cité, qui soutient l’émergence et fait éclore les talents de demain.
Le pôle des musées d’art de Lyon : un nouveau modèle pour faire rayonner l’art
Dans un contexte international en pleine mutation, de nombreux grands musées à travers le monde ont redéfini leur projet et imaginé de nouvelles propositions à travers des rapprochements entre établissements, comme c’est le cas notamment à la Tate de Londres, au Städel Museum, à la Schirn Kunsthalle et à la Liebieghaus à Francfort; ou encore au MoMA /PS1 à New York.
Avec le nouveau pôle des musées d’art qui réunit désormais le Musée des Beaux-Arts et le musée d’Art contemporain, Lyon s’inscrit dans cette ambition d’expérimenter un nouveau modèle pour ses musées. Sa direction générale a été confiée à Sylvie Ramond, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon depuis 2004. Diplômée de la Sorbonne et de l’Ecole du Louvre, ancienne élève de l’Ecole nationale du patrimoine, conservateur en chef du patrimoine et professeur associé à l’ENS Lyon, Sylvie Ramond a hissé le musée des Beaux-Arts au premier rang des musées français de stature internationale. Membre du comité directeur du groupe Bizot, chercheuse invitée de la Terra Foundation (2013) et du Getty Center, à Los Angeles (2018), elle a assuré le commissariat d’une trentaine d’expositions (Otto Dix, Fernand Léger, Braque/Laurens, Géricault, Repartir à zéro, Joseph Cornell et les surréalistes à New York, Henri Matisse. Le laboratoire intérieur…). Elle a dirigé un des groupes de réflexion de la « Mission Musées du XXIe siècle » (2017), à la demande de la Ministre de la culture Audrey Azoulay. La création de cette nouvelle entité, placée sous sa direction, permet d’offrir à la Ville de Lyon la plus grande collection d’art en France, hors Paris. Elle lui donne aussi l’occasion unique de concevoir pour la France une nouvelle forme de musée d’art universel/global adapté au XXIe siècle.
Pour autant, chaque musée garde son autonomie et son identité. « Chaque musée gardera bien son identité propre, a déclaré l’adjoint à la culture. Il y a certes une fusion, mais elle est dictée par la volonté de travailler ensemble sur les expositions et les publics.” Une stratégie commune qui va permettre de mettre les collections du MBA et du MAC en résonance, de susciter des regards croisés sur les deux sites (Palais Saint-Pierre et Cité internationale) et hors-les-murs ; et d’inventer de nouvelles méthodes de coopération. Le pôle offre ainsi de nouveaux horizons artistiques aux publics. Cette montée en puissance de Lyon sur la scène artistique et muséale nationale et internationale, permet d’imaginer des partenariats internationaux innovants. Le dialogue avec les acteurs privés engagés dans l’action culturelle : artistes, collectionneurs, galeries, associations… caractérise également cette démarche ; tout comme l’ambition d’enrichir la réflexion sur la place de l’art dans la ville, dans l’espace urbain, la présence des artistes et des collectifs artistiques au sein de la Cité.
PORTRAITS
Isabelle Bertolotti, directrice du musée d’Art Contemporain de Lyon
Historienne d’art, formée à l’Université Lyon 2 et à l’Ecole du Louvre, avec une spécialisation en muséologie et en art contemporain, Isabelle Bertolotti est responsable des expositions au musée d’Art Contemporain depuis 1995. Elle est la co-fondatrice et co-directrice artistique depuis 2002, de la manifestation « Rendez-vous/ Jeune création internationale », évènement consacré à la scène émergente française et internationale qui se tient au moment de la Biennale de Lyon.
Depuis 2008, elle organise l’exportation de la manifestation sur des scènes émergentes extra-européennes : Shanghai en 2008, 2010, et 2012, Le Cap en 2013, Singapour en 2015, Pékin en 2017 et La Havane en 2018.
Isabelle Bertolotti est également commissaire indépendante spécialiste de la scène émergente internationale et Présidente de l’ADERA, association des écoles supérieures d’art et de design de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui gère 40 ateliers d’artistes et accompagne une centaines d’artistes dans des projets d’expositions et d’édition.
Matthieu Lelièvre, conseiller artistique pour la jeune création au MAC de Lyon
Diplômé de l’École du Louvre et de l’Institut national du patrimoine, Matthieu Lelièvre est un historien de l’art qui a été simultanément commissaire et responsable de collections pour des musées et des galeries à Paris et à Berlin. En tant qu’expert en art contemporain, il travaillé avec plusieurs associations, des galeries privées et des musées à Berlin (KunstBüroBerlin, Mars, Hamish Morrison Galerie, Berlinische Galerie…). À Paris, il a été en charge du Cabinet des arts graphiques du Musée des arts décoratifs. Il s’est occupé pendant plusieurs années de la jeune création et des arts graphiques en tant que commissaire associé à la galerie Thaddaeus Ropac. En 2016, Matthieu Lelièvre rejoint le groupe FIMINCO en tant que directeur artistique afin de constituer une fondation qui ouvrira en 2019 : un centre d’art d’un nouveau genre alliant l’associatif, le commerce, l’institution publique, le patrimoine et les fondations privées. Il assure une mission de conseiller artistique pour la jeune création au MAC de Lyon pour 3 ans.