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Anatomie d’une chute de Justine Triet avec Sandra Hüller, Saadia Bentaïeb, Anne Rotger, Camille Rutherforb, Swann Arlaud
Anatomie d’une chute – Synopsis
Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.
Anatomie d’une chute – Critique du film
Palme d’or cette année au 76e Festival de Cannes, Justine Triet revient pour la quatrième fois sur la croisette après « La Bataille de Solférino » (2013), Victoria en 2016 avant d’être deux fois en compétition avec « Sibyl » (2019) et « Anatomie d’une chute » (2023).
Déjà le titre peut poser question avec son double sens : celle d’un accident ou désignant la rupture affective dans un couple ?
Passée cette première observation, le film s’ouvre paisiblement sur un entretien entre Sandra (la mère) avec une autre personne, qui est perturbé d’abord par la musique assourdissante de son mari et ensuite par l’appel au secours du fils malvoyant, qui en rentrant d’une balade avec son chien, vient de trouver son père mort au pied du chalet où ils habitent.
Accident ou suicide ? telle est la question de départ que nous pouvons nous poser normalement en tant que spectateur
Nous apprenons par la suite que les infidélités de Sandra sont sources de conflits et pourrait justifier ainsi un acte meurtrier de sa part.
Un thriller précis et captivant
Ainsi posé, la réalisatrice crée dans un premier temps un sérieux doute concernant la culpabilité de Sandra, en appuyant son propos par une série de détails. A partir de cela le film bascule vers un procès reconstitué, dynamisé par un scénario qui relancerait constamment de par son écriture son déroulement.
Les séquences d’audiences au tribunal éminemment cinématographique et portées uniquement par le son des voix, font d’Anatomie d’une chute, un thriller précis et captivant.
Le jugement qui se déroule avec le témoignage du fils (Milo Machado-Graner) appelé à la barre et des deux avocats incarnés par Swann Arlaud et Antoine Reinartz qui se livrent une bataille féroce , est une analyse froide et terrifiante d’un couple.
Sans chercher à révolutionner le genre, ce film de procès s’avère passionnant par son approche précise et réaliste d’un drame familial, mais aussi et surtout par sa profondeur étourdissante en se concentrant principalement sur les rapports humains
L’empathie pour Sandra est inévitable et on ne peut s’empêcher de prendre définitivement parti pour elle lors de la révélation d’un enregistrement qui pourrait l’innocenter définitivement .
Malgré sa durée de 2h30, le sujet et le traitement de cette histoire loin d’être rébarbatifs et prévisibles prennent parfois des allures de documentaire très agréable à regarder.
Le casting cinq étoiles participe avec brio à la réussite de ce film avec une mention très spéciale pour la brillante interprétation de Sandra Hüller.
Les éléments du scénario et les personnages sont parfaitement développés et que dire de la réalisation brillante de Justine Triet qui nous régale de bout en bout.
La réalisatrice qui vient de recevoir la palme d’or signe avec Anatomie d’une chute un contrepoint à « Anatomie d’un meurtre » d’Otto Preminger (1959).
Gérard SERIE
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