TOUT SUR SA MERE
NEUILLY SA MERE, SA MERE
De Gabriel Julien-Laferrièreavec Samy Seghir, Jérémy Denisty, Denis Podalydès, Sophia Aram, Valerie Lemercier, Charline Vanhoenacker
En 2008, Sami Benboudaoud découvrait l’enfer de Neuilly-sur-seine ! Dix ans plus tard, alors que tout va pour le mieux pour Sami qui termine brillamment ses études de sciences politiques, plus rien ne va pour son cousin Charles de Chazelle…
Cette comédie sociale, sociétale et politique est la surprise de cet été.
Elle pourrait s’intituler : « Neuilly c’est fini et dire que c’était la ville de mon premier .. » (pour reprendre le refrain de la chanson Capri d’Hervé Vilard) ou choisir en guise d’introduction : « Si les bourges quittent Neuilly pour aller squatter chez les rebeus à Nanterre, où va t-on ? »
Tout ceci pour dire qu’il y a dans cette comédie qui fleure bon la banlieue et l’opposition entre riches et pauvres, différentes grilles de lectures.
Des thèmes d’actualité abordés nombreux et réels
Vu au premier degré ce film demeure un divertissement, qui sur un ton un peu potache est fait pour amuser et susciter les éclats de rires des spectateurs à chacun des gags .
Au second degré on perçoit mieux le rôle des personnages, des situations décrites, des intentions du réalisateur, de la morale de cette histoire.
Par contre, si nous nou lançons dans une analyse fine de cette comédie nous découvrons déjà que les thèmes d’actualité abordés sont nombreux et réels :
– La différence entre les classes sociales (c’est pas nouveau)
– Les comportements des hommes politiques et le rôle des partis en France (ça ne
changera pas de sitôt puisque nous sommes toujours dans un semblant de démocratie)
– Le monde des affaires et de la finance (toujours aussi actif et opaque)
– Le rôle de la justice pour remettre un peu d’ordre dans le monde des truands en cols blancs (pas toujours simple)
– Les relations familiales et l’esprit d’entraide en banlieue ( plus que jamais nécessaire)
Passé ces considérations d’ordre général, cette comédie satirique très réussie parle au spectateur parce qu’ elle est ancrée dans notre époque, qui est marquée par la précarité, les affaires, l’Uberisation, les comportements des personnes de pouvoir ….
Le duo Marc de Chauveron et Bensalah au scénario et Julien-Lafférriere à la réalisationnous offrent une comédie parfois grinçante, pleine d’humour où les clichés sont volontairement assumés.
Réalisation alerte, rythme soutenu : une suite formidable !
Le casting avec sa brochette d’excellents acteurs (Denis Podalydès, Valérie Lemercier, Eric Dupont-Moretti, Josiane Balasko, François-Xavier Demaison ….) et d’hommes politiques ( Montebourg, JulienDray …) de premier plan est un régal. Mention spéciale pour le duo Jérémy Denisty et Samy Seghir, qui porte le film du début à la fin avec brio.
La réalisation alerte, le rythme soutenu, la musique qui colle parfaitement aux situations drôles abordées et les dialogues savoureux de Neuilly sa mère, sa mère, contribuent eux aussi à la réussite de cette suite formidable .
Gérard SERIE
BECASSINE de Bruno Podalydès , Karin Viard, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Josiane Balasko, Isabelle Candelier , Philippe Uchan, Maya Compagnie, Rose Dugenet
Le sujet
Bécassine petite fille de paysans miséreux naquit et vit dans une modeste ferme bretonne. Devenue adulte, sa naïveté d’enfant reste intacte. Elle rêve de Paris mais sa rencontre avec « Loulotte », petit bébé adopté par la marquise de Grand-Air va bouleverser sa vie. C’’est aussi sans comptersur un escroc qui ruine dans un premier temps tout le monde …..
Critique
A l’heure des supers héros et autres grosses productions américaines, nous pouvons comprendre que notre Bécassine ne puisse pas intéresser la jeunesse actuelle tant son univers est décalé par rapport à leurs aspirations.
De toutes les adaptations qui ont été faites jusqu’à présent, reconnaissons que celle-ci reste la meilleure. Tout, chez Bécassine, nous ramène à l’enfance et son nom ridicule, la rattache à jamais à un vol de bécasses. La fin inattendue met du baume au coeur à tout ce petit monde campagnard
Le casting est de premier ordre et le rôle principal est interprété par la méconnue Emeline Bayart qui endosse à merveille le costume vert de l’ingénue Bécassine.Naïve et rêveuse, inventive et tendre, fidèle et drôle, enthousiaste et fascinée par la vitesse, ébahie par l’eau courante et l’éclairage électrique, ayant un grand sens pratique, voilà la Bécassine maladroite, généreuse, tenant toujours ses promesses. Saluons la performance de Loulotte (Maya Compagnie) qui tire son épingle du jeu.
Malgré quelques longueurs , le film de Bruno Podalydès est une surprise inattendue qui désamorce tous les aprioris que l’on pouvait avoir face à cette nouvelle adaptation d’une BD culte. Le cinéaste prend le contrepied de tout ce qui a pu se faire avant lui, pour livrer une petite sucrerie, dont le charme fait un bien fou en ces temps de cinéma populaire lourdingue et formaté.
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La mise en scène est soignée, les décors et costumes d’époque sont somptueux , la photographie léchée et le rythme est plus proche des feuilletons des années quatre-vingt que de l’agitation actuelle. Notons au passage une certaine mollesse générale au montage qui n’est pas adaptée au cinéma grand-écran d’aujourd’hui . Plus de nerf et un brin de folie supplémentaire aurait changé le calibre de ce film drôle et poétique .
Gérard SERIE