Rencontre avec Warren Zavatta, qui présente son spectacle Ce soir dans votre ville ! À voir le 22 mai au Toboggan à Decines.
Propos recueillis par Hervé Troccaz
Votre spectacle critique quelque peu le monde du cirque, pourquoi ?
Je vois davantage mon spectacle en hommage, qu’une critique virulente. Tous les gens qui connaissent bien ce milieu trouvent que je dépeint parfaitement cet univers, même si je tire parfois à boulets rouges. Même si j’y été élevé, j’ai réussi à m’en débarquer en suivant une formation artistique notamment au théâtre classique puis au Conservatoire. Je souhaitais réunir en un seul et même spectacle toutes mes influences. Ce n’est pas parce que j’ai un nom connu que je dois faire dans la complaisance. Je ne brosse pas nécessairement l’univers du cirque dans le sens du poil. Je décris notamment mon grand-père comme un tyran domestique.
Comment justement les circaciens perçoivent votre approche ?
Ils le reçoivent bien en général, car je ne travestis pas la réalité. Même si Achille Zavatta avait du génie, il a fait un procès à ses enfants car ils avaient monté un cirque nommé Zavatta fils.
Et puis le cirque c’est vraiment devenu has-been ! Un microcosme qui n’a pas évolué depuis 80 ans. Même les meilleurs comme Arlette Gruss. Tout ceci propose encore la même chose, une succession de numéros sans queue ni tête, il n’y a pas de parti pris de mise en scène, de beaux éclairages.
Le cirque est-il amené à évoluer ?
Les animaux sont désormais de plus en plus interdits, ce qui rend les choses difficiles. Surtout il faut remettre les choses en perspective. Désormais le public ne s’émerveille plus des mêmes des exploits. Il y a 50 ans, voir des girafes ou un homme marcher sur un fil était incroyable. Désormais le public regarde la télévision des hommes jongler avec 13 cerceaux. Ils sont blasés, à force de voir ce qu’il fait de meilleur de plus en plus spectaculaire. De plus la caravane n’est pas souvent pas la bienvenue il n’y a plus d’emplacement dédié. Il faut vraiment que le cirque s’ouvre à d’autres disciplines. J’ai eu la chance de suivre des cours de théâtre classique et d’autres arts qui m’ont ouvert l’esprit. De mon point de vue le cirque traditionnel va mourir de sa belle mort, mais ce n’est que mon point de vue. Cela fait bien longtemps que les clowns ne font plus rire les enfants de 56 ans. Leur maquillage est dépassé, il n’y a plus de mise en scène. J’ai même vu certains chapiteaux qui n’étaient pas opaques.
Le titre du spectacle, « Ce soir dans votre ville » fait référence à un monde révolu…
C’était une époque où chaque cirque visitait une ville par jour. Lors de certaines séances, nous pouvions accueillir jusqu’à 3000 personnes, et nous rajoutions parfois des séances supplémentaires jusqu’à minuit. Puis l’apparition de la télévision a tout tué. Il est désormais très difficile de remplir les salles, même à Paris avec des invitations. Le petit écran nivelle tout par le bas.
Dans votre spectacle vous faites preuve de pluridisciplinarité.
Je m’entraîne en effet chaque jour au yoga, au jonglage la ou encore au saxophone. Riche de toutes mes expériences, je mets en avant toutes mes compétences, sans pour autant être consensuel. Par exemple lors du spectacle je demande si il y a des enfants dans la salle et si oui « qu’ils s’en aillent » ! Même cette vanne qui pourtant n’est pas politiquement correct fait rire les plus jeunes. Ce soir dans votre ville s’adresse au public de 7 à 77 an, car il y a plusieurs niveaux de lecture.
Vous avez été également adoubé par Dany Boon !
Je suis très content qu’il m’accompagne et produise mon spectacle. C’est un homme avec un réel talent et tellement de projets. Il sait aussi bien faire du mime que du piano, c’est véritablement un artiste complet.
Vous préparez également votre second spectacle, quel en sera le thème ?
Cela me demande beaucoup d’énergie. Il sera consacré ma vie privée. On m’a décelé une bipolarité, sur le tard. La vie d’artiste n’est pas facile, car quand j’ai commencé à obtenir du succès, ma vie privée en a pâti. Dans mon second spectacle je pousserai la réflexion sur des sujets sérieux et que je connais bien comme la dépression, la prison, la vie de famille. Des sujets universels, car tout le monde connaît quelqu’un de sa famille qui a un problème avec la boisson ou psychologiques.