HAROLD ET MAUDE de Colin Higgins

Du 22 juin au 4 juillet 2018

Critique

Brillantissime !

Et ce « Harold et Maude » dans le cadre des 23e Soirées d’été du Château de MACHY à CHASSELAY (aux portes de Lyon) ? Pour résumer très brièvement l’intrigue de la pièce, disons  que c’est la rencontre improbable entre un jeune homme inadapté à la société et suicidaire,  et une femme âgée, très originale qui a foi en l’avenir et qui cultive l’art de vivre au quotidien, comme d’autres leur jardin.

Une  mise en scène audacieuse ! 

Avec une kyrielle d’ astuces, Jean-Denis Monory en chef d’orchestre exécute avec sa troupe  une partition parfaite dans un décor qui symbolise  avec ses caisses et accessoires, aussi bien le mobilier d’une maison que des boites nécessaires pour un   déménagement.

Du coté des comédiens (nes), aucune faiblesse dans les  rôles, qui pourrait altérer l’écriture magistrale de cette comédie mélodramatique de Colin Higgins, adaptée formidablement  par Jean-Claude Carrière. Chaque rôle est exploité à fond pour donner par le jeu des interprètes une vision du bonheur, voire parfois comique, des personnages.

Sophie Iris AGUETTANT : Maude, joue à merveille sur toutes nuances du personnage incarné par cette femme libre, à l’image de Simone de Beauvoir qui déclarait  » Une femme libre est exactement le contraire d’une femme légère« , tantôt drôle, tantôt émouvante et qui exhale la joie de vivre au quotidien.

Léo Pochat: tout en retenue et distance, campe un formidable Harold, jeune homme  enfermé dans son univers destructeur, avant de s’ouvrir, tel une fleur aux plaisirs de l’existence et découvrir enfin l’amour auprès de Maude. Sa chorégraphie finale nous entraine dans un tourbillon où  la vie l’emporte sur le chagrin.

Cécile Maudet interprète avec un réalisme débordant la mère d’Harold. Cette bourgeoise excentrique  a comme obsession de marier son  fils unique, mais c’est sans compter sur son rejeton qui n’en fait qu’à sa tête.

Quant à Peggy Martineau, saluons sa performance magistrale, parce qu’ elle réussit à nous  bluffer en interprétant  tour à tour les trois fiancées potentielles pour Harold. D’abord l’intellectuelle bon chic bon genre, puis la petite employée de bureau godiche et enfin une comédienne déjantée.

Lorenzo Charoy est parfait en prêtre, au point où nous nous confesserions presque à lui sans aucune hésitation.

Même les rôles secondaires sont bien campés et apportent leurs contributions  au succès de cette comédie  haute en couleurs   :

Enrique Médrano campe un psy, un  inspecteur de police et un jardinier avec brio.

Elie Géroudetexcelle aussi bien dans son jeu de masseur de Madame, que comme jardinier et adjoint de police.

Entre tendresse et gravité, drôlerie et causticité, entre tolérance et liberté, philosophie et amour, cette comédie un tantinet loufoque nous fait du bien et titille notre âme d’enfant.

La musique épouse parfaitement  les changements d’ambiances et d’humeurs. Saluons au passage le choix et la beauté des costumes de Chantal Rousseau assistée de Oksana Marino. Une pépite qu’il ne faut pas oublier de voir sous aucun prétexte.

Gérard SERIE

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