LE SILENCE EST D’OR

La nouvelle exposition présentée au Musée Paul-Dini fait croiser le regard de deux artistes, de deux générations différentes : Jacques Truphémus et Jérémy Liron. A voir jusqu’au 16 septembre.

Bonne idée que de mettre en parallèle les démarches complémentaires du regretté Jacques Truphémus et du trentenaire Jérémy Liron. Les deux peintres partagent une même approche de la lumière et de l’espace. La scénographie de l’exposition met notamment en valeur l’évolution de l’œuvre du premier, du Japon aux Cévennes. Jacques Truphémus a en effet visité le Japon en 1970. Ce périple l’a beaucoup marqué, et influé sa manière de penser. Entre Osaka et Tokyo, il multiplia les aquarelles et les croquis, édités quatre ans plus tard à Lausanne sous le titre « Croquis du Japon ».

Durant les années 80, Jacques Truphémus dévoile son rapport intime avec la ville de Lyon, dont il ne cesse de peindre les rues et les cafés. Il utilise la vitre comme un écran entre l’intérieur et l’extérieur et permet de dédoubler les plans grâce à ses reflets. Les personnages ,à l’intérieur des cafés, apparaissent à contre-jour. Sa peinture se caractérise par un style dépouillé.

Puis durant les années 90, il apprivoise la lumière du Midi, au cœur des Cévennes, à Cauvalat-le-Haut, situé sur la commune d’Avèze.

L’artiste y poursuit sa quête d’exploration du monde en explorant le thème des fenêtres et des portes. Ses peintures représentent des lieux suggestifs de passage, mais vides de toute présence humaine.

Pérégrinations urbaines et flâneries balnéaires

La seconde partie de l’exposition demeure consacrée au jeune peintre. Jérémy Liron y dévoile son goût pour les architectures désertées, composées de végétation et construites à partir d’effets de lumière et d’ombre.

Il place certains de ses tableaux derrière des plexiglas, dont le reflet fixe le regard du visiteur. Sa démarche artistique se révèle très intéressante, avec ces espaces déserts, silencieux. Leur caractère intemporel demeure captivant, tout comme leur aspect « glacé ».

Jacques Truphémus et Jérémy Liron partagent une même envie de prendre du recul avec des paysages et des architectures désertiques, comme si le temps était suspendu. L’espace d’exposition met également en valeur la luminosité des tableaux, un véritable écrin pour leurs œuvres. Si on peut être déconcerté par la scénographie, cette dernière s’avère finalement très cohérente, en mettant en parallèle une même démarche, mettant en avant les espaces vides et lumineux, où l’être humain est étrangement absent.

Hervé Troccaz

Les silences de la peinture – Exposition du 17 mars au 16 septembre 2018, au Musée Paul Dini.

Crédit photos : Musée Paul Dini.