Sorties à Lyon – La newsletter
Vous cherchez des sorties à Lyon ? Abonnez-vous gratuitement à la newsletter, comme nos 5000 abonnés !
Après l’excellente exposition Zurbarán, réinventer un chef-d’œuvre, le Musée des Beaux-Arts de Lyon propose aux lyonnais de plonger dans l’univers singulier de François Rouan. A voir du 30 mai 2025 au 21 septembre 2025
50 ans d’une trajectoire singulière
L’institution culturelle met à l’honneur pendant cinq mois cet artiste français, né le 8 juin 1943 à Montpellier, à la fois peintre, photographe et vidéaste. Une exposition sur le thème de l’empreinte qui parcourt son œuvre depuis 50 ans : depuis les dessins romains des années 1970 sur les thèmes du marbre et de la marbrure, jusqu’aux œuvres les plus récentes réalisées en lien avec le projet de futurs vitraux pour le grand réfectoire de l’Abbaye royale de Fontevraud.
Peintre, dessinateur, auteur, photographe et vidéaste, François Rouan mène depuis plus de cinquante ans une trajectoire singulière. L’artiste, né à Montpellier en 1943, déconstruit la structure traditionnelle du tableau pour ouvrir de nouvelles pistes.
Il intègre l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 1961. Sous l’influence de Henri Matisse et de ses gouaches découpées, il travaille d’abord la couleur dans des collages de formes simples, mais en complexifie rapidement la structure dans ce qu’il appelle des « tressages » à partir de 1965. Papiers gouachés puis toiles peintes sont découpés en bandes et tissés selon des trames de plus en plus savantes.
L’artiste se tourne ensuite vers d’autres techniques, toujours liées à une volonté de fragmenter la forme comme la couleur. La forte présence matérielle de la surface de son œuvre, comme la pratique du collage, de la superposition et du réemploi contribuent à créer un mode de peinture original.
À partir de la fin des années 1980, Rouan fait entrer plus visiblement la figure dans ses œuvres jusqu’alors essentiellement abstraites, au moyen d’empreintes. Ses travaux jouent de l’inversion et de l’opposition – photographie/peinture, abstraction/figuration, vrai/faux – mais surtout du brouillage volontaire de la distinction figure/fond. Dans les années 1990, il insiste sur la présence du corps, dans sa dimension sexuelle mais aussi tragique.
À travers près de 140 œuvres, pour la plupart issues de l’atelier de l’artiste et de collections privées, l’exposition explore ce thème de l’empreinte. Celui-ci parcourt l’œuvre de François Rouan depuis les années 1970, aussi bien sous ses formes les plus littérales – l’impression d’une partie du corps du peintre ou de ses modèles, enduite de couleur, sur la toile ou le papier – que dans l’exploration des notions de superposition, de recouvrement ou de feuilletage. De même que le recours aux résurgences de la mémoire, ou aux citations d’artistes anciens ou modernes, autres formes d’empreintes.

Les thèmes de l’empreinte et du sexe, du désir de peindre et de vivre aux prises avec l’obsession de la mort sont au centre de l’œuvre de François Rouan
Les thèmes de l’empreinte et du sexe, du désir de peindre et de vivre aux prises avec l’obsession de la mort sont au centre de l’œuvre de François Rouan. Ils s’incarnent notamment dans les « Jardins taboués » et « Les Bourrages de crânes » (1992-1994) qui évoquent une danse macabre. Les empreintes de corps s’y mêlent étroitement, enfermées dans l’enceinte sombre d’une boite cranienne. On y reconnait les larges orbites, qu’on retrouve également dans les Recorda, sa plus récente série datant de 2023-2024. C’est le motif du retour sur soi et du regard inquiet, qui confronte le passé et le présent. En artiste obsédé par les traces des guerres et la nécessité de se souvenir de tous les disparus, François Rouan nous adresse une injonction de vigilance.

140 œuvres présentées
Depuis un demi-siècle, l’artiste mène une trajectoire singulière. Au fil des ans il a déconstruit la structure traditionnelle du tableau pour ouvrir de nouvelles pistes. Sans pour autant y être officiellement affilié, il est associé dès ses débuts, à la fin des années 1960, au mouvement Supports/Surfaces.
Au total l’exposition présente environ 140 œuvres, principalement des peintures, des dessins et des photographies pour la plupart issus de l’atelier de l’artiste, que complètent certains prêts sollicités auprès de collectionneurs privés.
François Rouan. Autour de l’empreinte interroge une œuvre prolifique, qui oscille entre une monochromie presque austère et une exubérance colorée avec, en filigrane, une représentation du corps omniprésente.
Les techniques du collage, tressage ou autres papiers gouachés rendent ses compositions immédiatement reconnaissables.

11 parties
L’exposition située au deuxième étage est scindée en 11 parties. Elle débute avec « Stûcke ». En 1985, le film de Claude Lanzmann, Shoah, bouleverse François Rouan, dont l’histoire familiale est liée à la Résistance. La parole des témoins, incarnée et omniprésente dans Shoah, apporte une solution radicale à la question de l’irreprésentable, qui cristallise le besoin de Rouan d’affronter celle-ci avec les moyens de la peinture.
Les mots allemands die Stücke, prononcés dans le film, désignent les « morceaux », les « pièces » que sont les corps déshumanisés, comptés et recomptés – qu’ils soient ou non envoyés directement dans les fours crématoires – comme le seraient des bûches. L’artiste développe alors une façon nouvelle de travailler. Par pièces et morceaux justement, par collages et ajustements à partir de différents motifs, amalgamés au final pour produire une image saisissante, non représentative. Empreintes de bûches aux veines apparentes, trouvées dans les bois avoisinant son atelier de Laversine (Oise), crânes dessinés d’après Paul Cézanne, figure gisante empruntée à Andrea Mantegna, constructions alignées aperçues à côté de l’atelier, constituent un étrange bazar que l’artiste manipule, peint, découpe et colle.
Les « Stücke » sont déclinés sous différents formats et reçoivent des titres évoquant la mort, le brasier, l’hiver, la catastrophe. Horizontaux, ils ressemblent à la fois à des casiers et à des tombes. Verticaux, ils contiennent une figure debout, tout aussi anonyme, désarticulée par le collage. Et, parfois, ils sont frappés d’une empreinte plus littérale, celle d’un motif.
Roses turques
Chez François Rouan, l’empreinte photographique s’est progressivement concentrée sur un motif unique : le sexe féminin, une origine du monde, toujours entre abstraction et figuration. C’est à ce motif que l’artiste a consacré une bonne part de son œuvre photographique, engendrant également de nombreux travaux sur papier au long des années. La série de dessins « Roses turques » notamment – indéchiffrables enroulements d’arabesques au crayon ou à l’encre parfois teintés de roses ou de violacés. Les séries photographiques d’origine, « Épreuves négatives » (2002) ou « Masques d’encre »(2003–2011) ont été plusieurs fois reprises, comme une forme de « repentirs ». L’artiste mélange volontiers les outils et les techniques. S’il commence par impressionner plusieurs fois la même pellicule, pour mieux brouiller l’image, il rehausse souvent l’épreuve obtenue d’empreintes peintes, puis les rephotographie.
Plus récemment, certaines épreuves retrouvées ont été finement gravées au stylet, et colorées, pour devenir des objets hybrides et particulièrement complexes, entre dessin, photographie et peinture (Ailes/Elles ; 2022).
✍️ Hervé Troccaz
Notre avis
François Rouan. Autour de l’empreinte interroge une œuvre prolifique qui s’étale sur plus d’un demi-siècle et qui oscille entre une monochromie presque austère et une exubérance colorée. Avec, en filigrane, une représentation du corps omniprésente. Inégal, mais intéressant.
François Rouan. Autour de l’empreinte au Musée des Beaux-Arts – Informations pratiques
Dates
📅 Du 30 mai 2025 au 21 septembre 2025
Adresse
📍20 place des Terreaux
69001 Lyon
Tarifs
🎟️Plein tarif : 8 €.
🎟️8€/4€/gratuit – le billet d’entrée donne accès aux collections du musée. Gratuit pour les enfants.
A lire également sur 7 à Lyon, le guide de vos sorties à Lyon : On a testé : Fresco Glacier, les meilleurs glaces à l’italienne de Lyon