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NOIR C’EST NOIR

Après Boissoudy « Face à Face », le Musée Fourvière présente pendant deux semaines une passionnante exposition. Dans la droite lignée du travail de Pierre Soulages, plusieurs artistes lyonnais explorent l’incroyable richesse du noir sous toutes ses formes.

Une immersion dans l’ombre éclatante du noir

Le noir, cette couleur qui n’en est pas une, exerce une fascination universelle. Profondeur insondable, élégance intemporelle, mystère absolu, il est tantôt absence, tantôt absolu. Loin d’être monochrome, il se révèle en mille variations, en nuances subtiles et en textures insoupçonnées. C’est cette richesse que l’exposition Noir Impérial, présentée au Musée de Fourvière, met à l’honneur, réunissant une quarantaine d’artistes et artisans d’art. Une célébration de ce noir teinturier, mythique et novateur, qui a révolutionné l’industrie textile et, plus encore, celle de la soie lyonnaise au XIXe siècle.

Le Noir Impérial, une révolution teinturière

À l’origine de cette aventure chromatique, un nom : la famille Gillet. De 1834 à 1976, cette dynastie industrielle a façonné l’essor de la région lyonnaise en développant un procédé de teinture révolutionnaire. Le Noir Impérial, intense et profond, a changé à jamais l’industrie de la soie. L’ombre d’un homme plane sur cette épopée : François Gillet, natif de Bully, village niché entre les Monts du Lyonnais et le Beaujolais. Après un apprentissage en teinturerie, il poursuit des études de chimie à l’École de la Martinière, forgeant ainsi l’avenir de cette couleur devenue un symbole du luxe et du raffinement.

Le Noir Impérial, loin d’être statique, révèle des reflets insaisissables. Selon la lumière, il absorbe ou renvoie l’éclat, jouant sur la perception et les sensations. Un paradoxe fascinant que les artistes contemporains convoqués dans cette exposition ont sublimé à travers des œuvres aussi diverses que saisissantes.

Un parcours artistique et sensoriel

Dès les premiers pas dans l’exposition, le visiteur est happé par la puissance du noir. Un noir qui n’écrase pas, mais qui révèle. Parmi les pièces maîtresses de cette traversée artistique, les œuvres en verre soufflé noir de Pierre Moretti, sublimées par une feuille d’or 24 carats gravée selon la technique vénitienne « orographies graffito », captivent par leur éclat profond et leur dualité entre opacité et lumière.

Autre création marquante, « Dry Diot » de Vincent Breed, qui interroge sur la matérialité du noir, entre rugosité et fluidité, entre force et fragilité.

Dans un registre pictural, le tableau de Gao Xingjian, à la croisée du minimalisme et du symbolisme, rappelle que le noir est aussi une couleur de l’épure, du silence et de la méditation. L’écrivain et peintre chinois, prix Nobel de littérature, fait du noir une matière vivante, vibrante d’émotions contenues.

L’exposition ne se limite pas à la contemplation : elle est aussi une invitation à ressentir le noir sous toutes ses formes. D’un textile soyeux à un métal poli, d’un verre translucide à un bois patiné, les textures dialoguent, révélant une infinie richesse de nuances.

Un hommage aux savoir-faire lyonnais

Au-delà de l’hommage au noir comme élément plastique et artistique, Noir Impérial célèbre un patrimoine industriel et artisanal d’exception. Lyon, ville de la soie et de la teinture, trouve dans cette couleur un emblème de son excellence.

Le savoir-faire teinturier, hérité du XIXe siècle, se retrouve ainsi dans certaines œuvres textiles présentées, où les fibres semblent absorber la lumière pour mieux la restituer sous d’autres angles. Un clin d’œil au passé glorieux de la soierie lyonnaise et à la modernité des techniques actuelles.

Une exposition éphémère, un regret persistant

L’unique bémol de cette plongée dans le noir ? Sa brièveté. L’exposition, aussi dense que précieuse, ne se tient que deux semaines, jusqu’au 23 février 2025. Une occasion rare de découvrir cette alchimie entre histoire industrielle et création contemporaine, entre patrimoine lyonnais et vision artistique internationale.

✍️ Hervé Troccaz

Crédit photos : Hervé Troccaz

Exposition « Noir Impérial » – Informations pratiques

Adresse 

Musée Fourvière

📍8 place de Fourvière

69005 Lyon 

🚇 Fourvière

Tarifs 

🎟️Plein tarif : 10 €, Enfants (5-17 ans) : 7 €. Gratuit pour les moins de 5 ans, les membres de l’ICOM, les détenteurs d’une City Card et les Amis du Musée.

Horaires 

Du 11 au 23 février 2025, tous les jours de 12h30 à 18h (sauf le mardi 11/02 de 15h à 21h).

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