JEAN COUTY, PEINTRE LYONNAIS : ENTRE RHÔNE ET SAÔNE
Depuis le 18 mars 2017, le Musée Jean Couty accueille ses visiteurs. Un bâtiment situé seulement à quelques mètres de la maison familiale et de l’atelier de l’artiste, face à l’Ile Barbe, à Lyon, ville natale du peintre, assure un juste retour aux sources pour celui qui aima peindre, plus que personne, la Capitale des Gaules.
L’occasion donc de célébrer Jean Couty, artiste majeur lyonnais, Prix de la Critique de Paris en 1950 et Grand Prix des Peintres Témoins de leur Temps en 1975. Il compta parmi les grandes figures de la peinture française.
Solidement amarrée entre Rhône et Saône, mais rayonnant à travers le monde, la peinture de Jean Couty nous délivre un message d’une profonde humanité́.
Son fils, Charles Couty, fondateur de ce musée privé, a travaillé pendant plus de deux années à la création de ce lieu dédié à son père. Pour autant, le Musée Jean Couty n’est pas uniquement un lieu entièrement dédié à un peintre, aussi majeur soit-il : le lieu sera aussi dévolu à l’art moderne et contemporain. Le site s’ouvrira à la célébration de toutes les formes d’art moderne et contemporain, et à la mondialisation à laquelle participa Jean Couty, via ses vastes toiles rapportées de son tour du monde et de ses voyages.
Au gré d’un parcours classique mais efficace, le spectateur pourra admirer 150 œuvres, dont 120 peintures et une trentaine d’œuvres sur papier, ainsi que des documents d’archives, des carnets de croquis et des objets personnels de l’artiste. De quoi prendre toute la mesure de son travail.
Un fonds important permettra à la Directrice du musée, Myriam Couty, de varier les sélections et d’organiser des expositions thématiques autour de Jean Couty, qui aima peindre sa ville de Lyon, mais aussi les paysages, les églises romanes et les villes du monde.
Retour aux sources
Peintre lyonnais, ayant peint sa ville natale sous toutes les coutures, Jean Couty est mis à l’honneur dans un bâtiment entièrement réhabilité. Les collections occupent près de 800 m2. C’est son fils qui a mené à bien ce projet. Charles Couty s’est entouré des cabinets d’architectes parisiens : Jérémy Rochet et ITRW -architectes-. La structure externe a été conservée et l’espace interne redistribué afin d’offrir une superficie d’accrochage maximale. Une extension d’environ 100 m2a été créée afin d’abriter l’espace d’accueil, une boutique et des bureaux.
Composée selon un parcours à la fois chronologique et thématique, la visite débute par les grands formats et les scènes de genre de Jean Couty.
Le parcours s’enchaîne ensuite avec les différents grands thèmes développés par l’artiste, en commençant par les portraits, les natures mortes, les églises romanes, les chantiers, les vues de Lyon, avant de finir dans une salle dédiée aux voyages et aux paysages.
La visite permet également de découvrir, en fin de parcours, l’évocation de l’atelier du peintre, grâce à une reconstitution partielle de son lieu de travail, présentant divers objets ayant appartenu à l’artiste. La dernière salle est, quant à elle, consacrée aux dessins : on y découvre de nombreux pastels, croquis, fusains, et dessins à l’encre.
Ce parti-pris permet d’apprécier pleinement la progression de l’œuvre du peintre, de son évolution au fil du temps.
Hervé Troccaz
Biographie de Jean Couty
Difficile d’être exhaustif au sujet de la carrière de Jean Couty, tant ce peintre a été un grand témoin de son siècle par son regard érudit, son esprit indépendant et sa vision très personnelle du monde et de l’humanité. Né le 12 mars 1907, il réalise ses premiers dessins au crayon, représentant des bateaux et des pêcheurs, à seulement 11 ans. En 1920 il fait la rencontre déterminante de l’architecte Tony Garnier qui lui conseille de suivre les cours de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. Trois ans plus tard, il entre dans la classe d’architecture de Sainte-Marie Perrin. Il y obtient le premier prix d’archéologie sous la direction d’Henri Focillon. Fort naturellement, après ses études, Jean Couty frappe à la porte de son maître et entre à l’atelier de Tony Garnier, qui lui conseillera plus tard d’opter pour la peinture. Après avoir obtenu un sursis pour son service militaire, Jean Couty peint « La Parabole des fous »,puis il exerce son art à Rive-de-Gier en peignant les « Hauts-fourneaux ». Après avoir obtenu, en 1933, son diplôme d’architecte DPLG, il est nommé sociétaire au Salon du Sud-Est où il expose « Sans travail ». Le tableau est remarqué par deux critiques d’art, Georges Besson et Marius Mermillon dont Couty va faire la connaissance. Sa carrière décolle en 1934 : il reçoit le Grand Prix du Groupe Paris-Lyon. Une décennie plus tard, la galeriste Katia Granoff présente la première exposition de Jean Couty à Paris.Il sera exposé en la galerie jusqu’en 1997. Il expose plusieurs toiles dont « Le Bénédicité »remarqué et admirée par Picasso et aujourd’hui propriété du Musée des Hospices civils de Lyon. En 1950, Jean Couty reçoit le grand Prix de la Critique de Paris, un an après Buffet et Lorjou. La fin des années 50 sera riche pour lui : il est promu Chevalier des Arts et Lettres,en 1958, avant de devenir le premier peintre qui illustre « le billet de la loterie nationale »l’année suivante. En 1970 Couty est fait officier des Arts et des Lettres. La Maison de la Culture de Bourges lui consacre une rétrospective l’année suivante. Jean Couty décède le 14 mai 1991. Le 17 mars 2017 un musée, à son nom, rend hommage à cet artiste qui, par ses moyens plastiques, appartient à la grande tradition picturale.
Hervé Troccaz
Musée Jean Couty
1 place Henri Barbusse
69009 Lyon
Tel : 04 72 42 20 00