LE DIABLE S’HABILLE EN LAURA
Rencontre avec Laura Laune, humoriste grinçante, gagnante à ‘La France a un incroyable talent’ 2017.
Propos recueillis par Hervé Troccaz
Quelle est votre approche de la scène ?
Je monte sur scène depuis que je suis toute petite. Ma première expérience du théâtre a été une comédie, « Couscous et lardons ». Le one-man-show n’est venu que dans un second temps. J’ai enchaîné les castings, mais j’avais la frustration de ne pas écrire moi-même et de ne pas susciter l’hilarité toute seule. Les éclats de rire étaient le résultat de l’écriture de la pièce, du scénario et des situations. Or j’avais envie d’écrire moi-même et de me lancer seule, pour tester la technique et la mécanique du rire, me prouver que je savais faire rire et distraire mes semblables.
Votre style se caractérise par un humour très noir. A-t-il évolué au fil du temps ?
J’ai naturellement trouvé mon style, qui est conforme à ma personnalité. Je ne me suis jamais posé de question à ce sujet. J’essaie d’être le plus naturel possible, je suis à la scène comme dans la vie quotidienne. Comme pourront en témoigner mes amis, je pratique le même genre d’humour en privé.
Vous travaillez en binôme avec Jérémy Ferrari. Comment s’est passée votre rencontre ? Comment se déroule votre collaboration ?
Jérémie m’a rencontrée lors d’un concours de jeunes talents, en Bretagne. C’était déjà à l’époque un artiste confirmé. Il est venu me voir, à la fin de la représentation, pour me dire qu’il appréciait mon travail et qu’il était prêt à me soutenir. C’est une aide précieuse dans ce métier, d’autant que nous évoluons dans le même univers et pratiquons le même type d’humour. En général j’écris seule puis je soumets mes idées à Jérémy, qui est d’excellent conseil. Il est à la fois mon manager et mon producteur.
Au fil de vos interviews, vous laissez transparaître une personnalité très indépendante !
J’ai toujours été en effet très autonome, j’ai toujours voulu faire toute seule et maîtriser l’ensemble de mes spectacles de A à Z. D’autant que je suis une perfectionniste. La fait que je travaille avec Jérémy Ferrari a pu créer certaines confusions, car certains spectateurs croyaient que Jérémy écrivait tous mes textes et que j’étais une « simple » interprète. Hors je suis l’auteur de tous mes sketches. J’ai dû m’imposer par rapport à ça, faire connaître ma personnalité et faire comprendre que Jérémy n’est « que » mon simple manager et producteur.
Vous êtes également très présente sur les réseaux sociaux !
Les possibilités qu’offrent ces outils sont précieuses. Cela permet de faire passer des messages et de se sentir proche des gens et de son public. Dans la mesure du possible, j’essaie de répondre à tout le monde, d’écouter les commentaires. Ces derniers, d’ailleurs, peuvent être une bonne source d’inspiration pour des sketches. Les réseaux sociaux sont également un outil formidable, car il n’y a pas de filtre, contrairement aux médias traditionnels. Il est en effet plus difficile de s’exprimer à la télévision ou dans les journaux, qui ont certaines contraintes. Facebook, Instagram et Snapchat ne nécessitent aucune autorisation préalable avant diffusion. J’ai souvent été recalée pour des chroniques radio et télé en raison de mon humour particulier. Je n’ai pas ce problème avec Internet. Pour le petit écran et la télévision on me demandait d’être plus légère, mais ce n’était pas le véritable reflet, ni de ma personnalité, ni de mon travail.
Vous avez remporté l’édition 2017 de la France a un incroyable talent, mais vous étiez déjà arrivée en demi-finale de la version belge de l’émission…
À l’époque, j’avais en effet rêvé de participer à cette émission. Mais avec le recul, je pense que je n’étais pas prête pour ce passage. J’ai voulu faire des concessions avec un humour très familial, grand public. Depuis cette expérience, j’ai décidé d’être et de rester moi-même, y compris pour la version française.
Pouvez-vous nous présenter votre spectacle ?
Mon one-man-show s’intitule « Une gentille petite fille ». J’y pratique un humour noir et je traite de sujets très sensibles comme l’homophobie, l’abandon, ou encore le racisme. J’essaye d’aborder tous ces thèmes avec un certain second degré.
Laura Laune – « Le diable est une gentille petite fille » – 12 octobre 2018 au Radiant-Bellevue à Caluire
Crédit photos : Laura Gilli / Julie Caught