Rencontre avec Julien Santini, comique lyonnais. Il présente son spectacle « Julien Santini s’amuse » à l’Espace Gerson. Énigmatique. Nonchalant. Un peu trop sentimental ? Fonctionnaire, pourquoi faire ? Artiste pour quoi dire ? Loser, assurément !
Propos recueillis par Hervé TROCCAZ
Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?
J’ai vécu jusqu’à l’âge de 17 ans en Corse, à Bastia. Je suis arrivé à Lyon en 1998. En 2000, j’ai suivi des cours dans une école d’art dramatique, Myriade, pendant deux ans. Mais jouer dans une troupe ne me convenait pas. C’était une sorte de frustration, car je ne pouvais pas exprimer mes propres idées. Il aurait fallu également moderniser la mise en scène. Jouer dans de telles conditions représente de nombreuses contraintes, on ne choisit ni la pièce ni ses partenaires. Or je voulais développer mon regard et je pensais avoir le moyen de défendre mes idées.
Quand vous êtes-vous produit pour la première fois tout seul ?
Tout a débuté voilà quatre ans quand j’ai participé à un tremplin jeunes talents à Saint-Étienne. J’ai obtenu le prix coup de cœur. Par chance, cela ne s’est jamais arrêté.
Comment est né votre personnage ?
Mon personnage est né d’un roman que j’avais écrit en 2015. Je l’ai adapté pour la scène. Cette dernière a pris le dessus.
Comment votre interprétation a-t-elle évolué depuis ses débuts ?
Les rencontres que j’ai pu effectuer ont considérablement nourri ma réflexion. Les comédiens, les patrons de salle et les artistes que j’ai côtoyé sont devenus de véritables proches, comme une famille. Je pense à Arnaud Cosson, Dominique Palandri, mon metteur en scène. Grâce à eux mon personnage s’est dessiné de plus en plus et de mieux en mieux. J’ai la chance également que de nombreuses salles me soutiennent comme l’espace Gerson ou encore Le Citron Bleu à Toulouse. Des salles qui me font confiance. C’est ce qu’il y a de plus beau dans ce métier !
Pouvez-vous justement présenter votre personnage ? Qui incarnez-vous ?
C’est la partie clownesque de ma personne. Il est à la fois beau, Impertinent, mégalo, attachant, sale gosse. Surtout c’est un empêcheur de tourner en rond. Il déclame ce que tout le monde n’ose pas dire, sans se soucier des conventions sociales.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
J’aime beaucoup le théâtre de boulevard. Je me suis inspiré de nombreux comédiens comme Jacques Balutin dans Tiercé Gagnant ou Jean-Paul Belmondo dans le Guignolo. J’aime également beaucoup le cinéma de Paolo Sorrentino, à la fois drôle et émouvant. En revanche je ne m’inspire pas des autres one-man-shows.
Vous jouez beaucoup avec votre corps !
Il avance en effet beaucoup par à-coups. Au fil des ans, le personnage s’est beaucoup transformé, je joue avec ses maladresses. L’habillement tient également une place prépondérante, notamment avec la chemise qui dénote tout de suite d’un personnage décalé. Je joue avec les codes, dès mon entrée en scène !
Le titre de votre spectacle, Julien Santini s’amuse, demeure très évasif. C’est une volonté ?
J’ai souhaité que mon spectacle ai un titre assez large pour le faire évoluer au fil des ans. Le titre répond à toutes mes envies et mes questions : pourquoi, comment ? Chacun doit pouvoir se retrouver dès l’âge de 16 ans.
Quels sont vos projets ?
J’ai la chance de présenter pour la première fois mon spectacle au festival d’Avignon, grâce à l’Espace Gerson, mais aussi un mécène, Alain Sitbon. C’est une exposition très intéressante et cela va permettre de présenter mon travail au plus grand nombre.
Vous vous intéressez également à de nouveaux sujets…
J’ai eu la chance d’animer une soirée pour le site saladelyonnaise.com, ou je jouais le rôle de maître de cérémonie devant des hommes politiques comme le maire de Lyon ou le préfet. Cela m’a permis de voir que j’étais à l’aise pour évoquer l’actualité politique. J’ai donc compris qu’il y avait matière à développer sur ce sujet et j’ai donc intégré une revue de presse et d’actualité dans mon spectacle. C’est un peu comme si je découvrais un autre continent, car à la base la politique et l’actualité ce n’est pas du tout mes sujets de prédilection. Mais mon personnage peut tout à fait s’intégrer à cet univers.
Vous allez également jouer dans une série…
Je vais en effet jouer dans Les Résistants. Elle est produite par la Manufacture du Film et réalisée par Jean-Yves Fayolle. Ivan Gouillôn, qui joue son excellent spectacle Life is a bathroom and I am a boat, et Lionel Buisson m’accompagnent dans la série.
Cette dernière suivra trois personnages pendant la seconde guerre mondiale. Nous essaierons de se voir s’ils ont les moyens de leurs ambitions. La série sera diffusée sur YouTube à partir du mois de mai/juin, à raison d’un épisode par semaine.
Julien Santini – Jusqu’au 22 juin 2019 à l’Espace Gerson