IAC Institut d'art Contemporain Villeurbanne : Daniel Steegman Mangrané, Ne voulais prendre ni forme ni chair
IAC Institut d’art Contemporain Villeurbanne : Daniel Steegman Mangrané, Ne voulais prendre ni forme ni chair

Daniel Steegman Mangrané est le nouvel invité de l’institut d’art contemporain de Villeurbanne. L’artiste était déjà présent à la dernière Biennale du design où il avait présenté des branches de plantes dissimulant des phasmes.

C’est précisément cette thématique et cette monographie qui permettent à l’artiste d’investir tous les espaces du Musée jusqu’au 28 avril.

 

Rappelons que le plasticien est passionné par ces insectes qui font corps avec les arbres. De quoi perturber les visiteurs avec cette redéfinition de l’espace, à l’instar des écrans rideaux sculpter en maille fine, qui laissent passer l’astre du jour.

 

D’ailleurs, les horaires du musée s’adaptent complètement à cette approche, en fonction du coucher du soleil, pour mieux apprécier cette conception artistique qui joue avec la lumière.

Hervé Troccaz

Daniel Steegan Mangrané, Ne voulais prendre ni forme, ni chair ni matière, jusqu’au dimanche 28 avril à l’IAC, Villeurbanne.

 

Du mercredi au vendredi. Horaires variables. De 4 à 6 euros.

Daniel Steegmann Mangrané

Daniel Steegmann Mangrané conçoit une œuvre polymorphe (dessin, sculpture, film, installation, etc.).

Son arrivée au Brésil en 2004 est motivée par sa fascination pour la forêt amazonienne – enfant il aurait voulu devenir biologiste, entomologiste ou botaniste – et par sa découverte des artistes brésiliens Lygia Clark et Hélio Oiticica. Dès la fin des années 1950, chez ces fondateurs du néo-concrétisme, l’intuition, la subjectivité et la participation du public devaient venir réconcilier des dualismes dépassés, à commencer par l’opposition, alors communément admise, entre l’objet et le sujet.

Également nourri par l’anthropologie ou par les poèmes de Stela do Patrocínio qui lui inspirent ici le titre de son exposition, Daniel Steegmann Mangrané mêle dans son travail formes naturelles et culturelles. Il y explore l’enchevêtrement du vivant à son environnement, expérimentant l’espace comme zone de sensibilité et de relation.

Imprégné par le perspectivisme amérindien de l’anthropologue Eduardo Viveiros de Castro – qui brouille la distinction entre l’humain et le non humain – et par la pensée de Philippe Descola qui entend dépasser le dualisme nature-culture, Daniel Steegmann Mangrané transforme profondément et dans sa totalité l’espace de l’IAC.

Ainsi, le parcours génère de nouvelles lignes de fuites, des perspectives changeantes ouvertes vers l’extérieur. Défini par une géométrie sensible, conduite uniquement par des faisceaux de lumière naturelle dans la pénombre, il suscite l’exploration et le tâtonnement comme pour retrouver l’essence même du vivant. Ce cheminement traduit également sa fascination pour la notion de dissolution, dissolution du sujet susceptible de mener à une prise de conscience de son milieu.