DIVINE IDYLLE

La ville de Lyon se transforme. Entre la nouvelle Tour Incity, le stade des Lumières à Décines, et le quartier Confluence, le maire Gérard Collomb entend bien laisser une trace dans le paysage lyonnais, même si certains projets ont été initiés par ses prédécesseurs, et que les projets en question sont parfois critiqués au regard de leur montage financier. La rénovation du Grand Hôtel-Dieu n’échappe pas à la règle. Le projet a été confié à Eiffage, troisième groupe de construction et de concessions français, derrière Vinci et Bouygues. Au-delà des polémiques sur le financement, qui ne sont pas sans faire écho au controversé musée des Confluences, la rénovation de l’ancien hôpital central de Lyon est la plus grande opération de reconversion d’un monument historique en France. Visite en avant-première de ce lieu pour « A vous 2 voir », qui entretient une Divine Idylle avec la ville où il se situe.

Objectif affiché de cette restauration : profiter de ce lieu exceptionnel afin de créer un vrai quartier en plein centre-ville autour notamment d’un hôtel 5 étoiles. Le bâtiment de l’Hôtel-Dieu est l’un des piliers du centre-ville de par sa superficie de 51 500 m² de surface mais aussi sa gigantesque façade de 400 mètres de long bordant le Rhône. Avec de telles mensurations, l’Hôtel Dieu est sans conteste un bâtiment incontournable de l’agglomération lyonnaise.

Ouverture officielle le 27 avril 2018

Grand Hôtel Dieu / Angle rue de la Barre
Grand Hôtel Dieu / Angle rue de la Barre

Désaffecté depuis la fin 2010, c’est un projet de longue haleine qui vise à lui redonner ses lettres de noblesse à l’horizon 2017. L’ouverture a eu lieu officiellement le 27 avril 2018.

Le parti‐pris est douvrir le site sur la cité et d’en faire un lieu incontournable de la vie lyonnaise grâce à l’installation de nombreuses boutiques, de jardins botaniques, de cafés,de restaurants et d’un centre de convention ainsi que la mise en place d’un parvis le long de l’immense façade. Les architectes défendent par ailleurs leur parti-pris d’avoir créé une quatrième façade ultra-contemporaine côté ville, là où étaient placées les installations techniques de l’hôpital.

Eiffage construction assure la rénovation des 51.500m² du site. La signature finale du bail du Grand Hôtel-Dieu, prévu pour 94 ans, a eu lieu mi 2014.

Cinq cents « compagnons » y travaillent quotidiennement et leur nombre devrait monter à terme à 800.

Le Grand Hôtel-Dieu intègre également le Réseau des cités de la gastronomie, aux côtés des autres projets retenus dans les villes de Dijon, Paris-Rungis et Tours. Lyon abordera la thématique associant « nutrition et santé ».

A terme, cette rénovation devrait bénéficier au quartier Grôlée, désaffecté par les commerces depuis sa reprise par l’américain Cargill.

Hervé Troccaz

> Lire également l’interview de l’architecte du Grand Hôtel-Dieu Albert Constantin

L’histoire de L’Hôtel-Dieu de Lyon

Grand Hôtel Dieu / Facade Soufflot
Grand Hôtel Dieu / Facade Soufflot

Le Grand Hôtel-Dieu est l’un des plus grands bâtiments de la presqu’île de Lyon. Il est construit en bordure ouest du Rhône. Il s’agit du premier hôpital lyonnais. D’après la légende, un petit établissement hospitalier fut fondé en 542, sur la rive droite de la Saône, dans le quartier Saint-Paul à l’instigation du roi Childebert et de la reine Ultrogothe, suite à la demande de l’évêque de Lyon et afin de pouvoir accueillir les pèlerins et les pauvres. Ce petit hôpital, qui a probablement existé, n’a rien à voir avec le Grand Hôtel-Dieu.

Six siècles plus tard allait naître l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, sur la rive droite du Rhône, à son emplacement actuel, pour remplir ces mêmes fonctions. Les membres de la confrérie du Saint-Esprit confient la construction de cet établissement modeste, qui date du XIIème siècle (attestés en 1184), aux frères Pontifes.  Situé au débouché du Pont de la Guillotière qu’ils ont également édifié, il portait le nom d’ »hospital du Pont du Rosne » et fut d’abord un centre d’accueil pour les pauvres, pèlerins et voyageurs.

Au XVII ième siècle, la réputation du Grand Hôtel-Dieu se développe et les malades sont de plus en plus nombreux. Les terrains acquis sont peu à peu aménagés.

Grand Hôtel Dieu / Perspective Rhône
Grand Hôtel Dieu / Perspective Rhône

Au XIXème, cet établissement reçoit un nombre considérable de malades et l’hôpital est encore agrandi. Le Grand Hôtel-Dieu est un centre actif de la chirurgie. D’éminents chirurgiens font la réputation de l’établissement.

A l’aube du XXIesiècle, l’hôpital est considéré comme une entreprise, avec les mêmes impératifs économiques.  Même si les Hospices Civils sont encore le deuxième centre hospitalier universitaire de France et demeurent l’un des plus grands propriétaires fonciers de la ville : leurs biens ont sensiblement diminué. En 2002 ils sont près du dépôt de bilan et en 2008, le déficit augmente encore. Les investissements nécessaires pour rester compétitifs face au privé augmentent considérablement entre 2002 et 2010. On parle de restructuration, puis de fermeture qui intervient en 2010.

De 2010 à 2015, le bâtiment resta désaffecté, et d’importants travaux prévus sur environ trois ans pour une utilisation hôtelière, muséale et également pour accueillir la Cité de la Gastronomie en 2017. L’ensemble de l’édifice a été classé monument historique par arrêté le 21 novembre 2011.

Hervé Troccaz

 

LA GASTRONOMIE A DROIT DE CITE

Grand Hôtel Dieu / Dome
Grand Hôtel Dieu / Dome

Du 18 novembre 2011 au 29 avril 2012, les musées Gadagne ont accueilli une exposition intitulée « Gourmandises », retraçant l’histoire de la gastronomie à Lyon. 6 ans plus tard ouvrira La Cité de la Gastronomie à Lyon. Il allait de soi qu’un tel lieu devait être implanté dans la capitale mondiale de la gastronomie. Cinq dossiers furent examinés le 15 octobre 2012. Le Réseau des Cités de la gastronomie, qui a officiellement été lancé mercredi 19 juin 2013, réunira donc Dijon, Lyon, Paris-Rungis et Tours. Chaque ville affirmera une spécificité et agira en qualité de « pôle moteur » dans des domaines particuliers.

A Lyon, c’est la thématique « alimentation et santé ». Un pôle de compétences, associant toute la filière économique de la gastronomie, réunira des acteurs des métiers de bouche, du monde agricole, mais également des scientifiques et des industriels afin de réfléchir à la meilleure façon d’améliorer la qualité des aliments. Les études mondiales démontrent qu’une bonne santé demeure liée à une nourriture saine.

Répartie sur 4 niveaux, la Cité de la Gastronomie s’installera sur la partie la plus ancienne de l’Hôtel-Dieu, dans le dôme et les quatre ailes de bâtiments qui s’ouvrent sur l’actuelle place de l’Hôpital. Cette dernière sera le point de départ d’une série de passages, de places où flâner et faire du shopping.

Lyon et la gastronomie, une longue histoire

Grand Hôtel Dieu / Dome des quatre rangs
Grand Hôtel Dieu / Dome des quatre rangs

L’art de bien manger appartient à l’art de vivre lyonnais depuis l’Antiquité. À la Renaissance, le poète Clément Marot estime qu’un « séjour à Lyon est plus doux que cent pucelles », tandis que Rabelais y publie son Gargantua riche d’influences lyonnaises en matière de table, comme la gratinée, le gras double, le coq au vin épicé. Stendhal estime qu’on mange mieux à Lyon qu’à Paris. L’avènement des mères, à la fin du 19e siècle, positionne Lyon comme ville gastronomique.

Loin de ces faits historiques, la gastronomie est encore vivante et créative à Lyon. Paul Bocuse a su maintenir vivace et renouveler cette tradition qui fait partie de l’identité de la ville, de son art de vivre, de son économie, de son image et de son rayonnement international.

Depuis la Renaissance, la place stratégique de la Métropole permet aux produits exceptionnels de converger vers Lyon, où des chefs novateurs les subliment. La Cité de la Gastronomie ouvrira ses portes en 2018 dans le grand Hôtel-Dieu, symbole de l’humanisme lyonnais. Elle racontera l’histoire de l‘alimentation à travers les âges grâce à de grandes expositions.

Grand Hôtel Dieu / Accueil de la Cité de la Gastronomie
Grand Hôtel Dieu / Accueil de la Cité de la Gastronomie

Il faut dire que le patrimoine culinaire lyonnais demeure unique en France. C’est à Lyon en 1759, qu’a ouvert un des premiers restaurants de l’Hexagone, La Mère Guy, sur le quai de Saône. 133 ans plus tard la Mère Brazier est devenue la première femme chef triplement étoilée par le guide Michelin. Le critique culinaire Curnonski a qualifié Lyon de « Capitale de la gastronomie mondiale » en 1935. Par la suite Monsieur Paul Bocuse a révolutionné le monde de la cuisine, devenant par la même occasion une légende vivante.

Pas question pour autant que la Cité de la Gastronomie devienne un repaire de grands chefs. A leurs côtés prendront place des éleveurs, agriculteurs, bouchers, maraichers, charcutiers, boulangers.

Une vision panoramique des différents métiers de bouche via des espaces de démonstration, des mises en situation et des expositions.

Tous les sens seront sollicités : on pourra gouter, sentier, voir, toucher les produits. Premier d’entre eux qui sera à l’honneur : le blé, la plus consommée des céréales.

Hervé Troccaz

La Cité de la gastronomie et de la capitale de la gastronomie en chiffres

3600 mètres carrés sur 4 niveaux

3882 restaurants dans la Métropole de Lyon

21 étoiles au guide Michelin

220 marchés chaque semaine

340 exploitations agricoles

281 boucheries

28 poissonneries

458 boulangeries pâtisseries

220 traiteurs

Crédit photo : Eiffage / Ville de Lyon