CHÂTEAU DE CORMATIN
Entre Tournus et Cluny, au cœur de la Bourgogne du Sud, le château de Cormatin vous attend au milieu de ses jardins. Les marquis d’Huxelles l’ont fait construire au début du XVIIe siècle pour témoigner de leur puissance et de leur prestige : larges douves, tourelles, haut socle à bossages, canonnières et pont-levis, le château était fait pour impressionner. Il y réussit encore aujourd’hui.
L’escalier intérieur est copié sur celui qui existait au Palais du Luxembourg, à Paris. Haut de 20m et large de 9m, il séduit par l’ampleur de ses perspectives, la beauté des jeux de lumière et l’harmonie de ses lignes. Il s’agit du plus ancien escalier de ce type conservé en France.
Les célèbres « Salles dorées » apportent le plus brillant et authentique témoignage sur l’art de vivre de la noblesse française au début du XVIIe siècle. Peints, sculptés et dorés du sol au plafond, ces appartements éblouissent par leur polychromie et le raffinement des détails. Meubles, tableaux et tapisseries ajoutent encore à la justesse de l’évocation. A la Belle Époque, un directeur de l’opéra de Monte-Carlo fut propriétaire du château. Il revisita les styles pour aménager chambres et salons byzantins en styles Renaissance et Louis XIV, où l’on peut évoquer encore ses invités célèbres, Chaliapine, Caruso, Jules Massenet, Cécile Sorel. Seuls subsistent, encadrant une cour d’honneur, le corps de logis principal et une aile disposée en retour d’équerre. Sur ses trois angles extérieurs, l’ensemble est flanqué de pavillons demi-hors œuvre eux-mêmes flanqués sur leurs angles intérieurs de tourelles en surplomb sans valeur défensive. Le corps de logis principal ouvre sur la cour d’honneur par une porte inscrite dans une travée dorique couronnée d’un édicule que surmonte un fronton encadrant un buste décapité. On y accède par un perron de cinq marches. Ce corps de logis comprend au centre de sa façade occidentale un avant-corps d’une travée. L’aile en retour d’équerre ouvre sur la cour par une porte inscrite entre deux pilastres ioniques.
Autre trésor incontournable du château de Cormatin : un parc de douze hectares avec parterres fleuris, grand labyrinthe de buis et potager à l’ancienne. Un jardin ordonné a existé dès 1620, soit à l’époque de la construction du château actuel. Simplifié au début du XVIIIe siècle, paysagé vers 1785 avec plantation d’arbres rapportés d’Amérique par Pierre Desoteux après la guerre d’Indépendance. Le jardin est détruit vers 1815 pour trouver la terre nécessaire au comblement des douves. Il a été recréé à partir de 1990 après remise en place des terrains.
Classé Monument historique, par liste en 1862, puis par arrêté le 2 février 1903, le château de Cormatin est accessible par la ligne no 7 du réseau Buscéphale, les autocars départementaux de Saône-et-Loire. Aucune raison donc de passer à côté de ce site immanquable, qui séduira aussi bien les amateurs d’art, que l’ami des jardins, le randonneur ou le simple promeneur, ravi de se perdre dans le labyrinthe végétal de l’un des plus beaux jardins de France…
Profitez-en pour découvrir la voie verte et ses 120 kilomètres de piste cyclable protégée : en quittant Cormatin, gagnez Cluny puis découvrez le Val Lamartinien et la Roche de Solutré.
Hervé Troccaz