LA BOURSE OU LA VIE
La Bourse du Travail, située dans le 3èmearrondissement est une salle de spectacles bien connue des lyonnais. Qu’il s’agisse de pièces de théâtre, de one-man shows ou de concerts, elle offre de nombreuses possibilités à tous les amateurs de culture et de spectacles hors pair.
Antoine GAILLETON, le maire de Lyon de 1881 à 1900, accepte la construction Bourse du Travail dans sa ville. Il l’installe aux Brotteaux dans l’ancien « théâtre des variétés », cours Morand (l’actuel cours Franklin Roosevelt). L’inauguration a lieu en février 1891. Par la suite, les locaux de la Bourse cours Morand deviennent trop exigus et de plus en plus délabrés. Edouard Herriot, maire de Lyon de 1905 à 1940, veut alors construire un bâtiment neuf pour abriter la Bourse du Travail.
Tony GARNIER, architecte et urbaniste français de la fin du 19èmesiècle au début du 20ème, se voit confier le projet, qui serait édifié place Jean Macé. Des raisons budgétaires rangent finalement ce projet au fond d’un tiroir. C’est finalement en 1930 que le Conseil Municipal vote les crédits et que l’architecte Charles MEYSSON édifie à partir de 1931, face à la place Guichard, un bâtiment aux lignes résolument géométriques et épurées, très représentatives du modernisme de son époque.
Un bâtiment 100% lyonnais
La grande salle de réunion et de spectacle est le coeur de l’ouvrage. Le sculpteur Francisque LAPANDERY exécute un bas-relief dans l’atrium. Mais c’est la frise sur la façade ouest qui constitue le clou de la décoration. Cette frise de 6,5 m de haut et 26,5 m de long, a été réalisée au moment de l’édification du bâtiment en 1931, par un peintre parisien d’origine lyonnaise Ferdinand Fargeot et 30 artisans. Elle est composée de 1 100 petits cubes de grès coloré dans la masse, une technique novatrice pour remplacer les pâtes de verre. Elle a été classée en 1934 pour sa valeur artistique. Cette œuvrereprésente Edouard Herriot avec des conseillers et des travailleurs en habit d’époque. La décoration intérieure de l’édifice a été réalisée en 1936 par plusieurs artistes et artisans lyonnais. La construction de la Bourse du Travail prend fin cette même année. La grande salle de spectacle a été modifiée en 1971.
Le partage entre syndicats et salle de spectacles
La Bourse du Travail abrite une grande salle de spectacles. Mais cette dernière était à l’origine la salle de réunion des travailleurs et de leurs syndicats. De grandes luttes sociales de l’agglomération se sont déroulées dans ce bâtiment, de 1936 à 1968, tout comme les luttes de métallos (ouvriers métallurgistes) en 1938, la grande grève des fonctionnaires de 1953 ou encore les luttes des traminots (employés de tramway) en 1958 etc.
Louis PRADEL, maire de Lyon à cette époque, a fait adopter le changement d’affectation de cette salle par son Conseil Municipal, en novembre 1966. Cette salle, du nom d’Albert Thomas, nommée en hommage au fondateur de la « Revue Syndicaliste » et de « l’ Information Ouvrière et Sociale », compte 1950 places. Ces dernières suscitaient beaucoup trop de convoitises de la part des organisateurs de spectacle et la mairie n’a pas pu ou voulu y résister. La vocation première du lieu a donc été balayée par le maire. Les syndicats ont néanmoins conservé un droit de préemption pour leurs meetings. Les réunions publiques se sont ainsi multipliées, notamment en 1968.
Un passage obligé pour les salariés
Cette institution est donc un outil mis à la disposition des salariés et de leurs syndicats par la Ville. Il se compose sur 4 étages de 55 salles de permanence syndicale, de 2 salles de congrès de 300 et 350 places, de 5 salles de réunion allant de 40 à 112 places mais aussi d’une salle d’archives, d’un logement du gardien, d’une salle de consultation juridique ou encore d’un secrétariat avec salle d’attente et bibliothèque. Ce lieu est fortement apprécié par les syndiqués et les militants. Ces locaux ont renseigné, aidé, conseillé et défendu des milliers de salariés en matière de droit du travail. C’est aussi cette dimension qui explique le fort attachement des travailleurs lyonnais à ce bâtiment et, au-delà, à cette institution que constitue la Bourse du Travail.