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Ahouvi – Les Célestins – Théâtre de Lyon – L’histoire
Dans Ahouvi (« Mon amour » en hébreu), nous suivons le parcours d’un couple formé par une Israélienne et un Français, leur amour, leur séparation, puis leur descente dans la violence et la destruction. Après une relation intense, oscillant entre paradis sensuel et tombeau ténébreux, lui est à bout. Il n’en peut plus, il sombre, cherchant une nouvelle forme de vie, une liberté. Elle nous raconte leur histoire, depuis le premier jour.
Au centre de leur relation : un chien. À la fois lien et déni.
C’est à travers cette présence animale et un humour féroce, manié avec brio par Yuval Rozman, que la tragédie nous submerge peu à peu.
Ahouvi – Les Célestins – Théâtre de Lyon – Critique
Une histoire simple, racontée de manière complexe. Après tout, quoi de plus banal qu’un amour qui naît, grandit, puis se brise ? Pourtant, ici, tout bascule. Peu après les attentats du Bataclan, le couple, formé via une application de rencontre, s’emballe et se déchire en quelques années.
À l’image de la vie, l’histoire est rythmée par les apparitions de Roxane, une perturbatrice : l’ex-compagne de lui. Leurs disputes incessantes tissent une théorie de l’amour révélatrice des dilemmes et contradictions de notre époque, marquée par la violence politique. Rien n’est jamais stable, les relations s’effritent sous le poids des conflits. Seul Yoba, le chien, objet d’un amour absolu, échappe à cette valse d’évaluations et capte toute l’affection, comme un substitut à l’enfant jamais eu.
Le texte est brut, entre tendresse et violence. Il s’écoule avec une densité qui exige une attention constante, parfois allégée par quelques silences bienvenus. Toutefois, certaines répliques sont difficilement audibles, rendant la compréhension plus exigeante pour le spectateur.
Les clichés sur le couple ne sont pas évités : l’homme qui aime davantage son chien que sa compagne, l’ex jalouse qui resurgit, ou encore les destinations de voyage convenues.
Une mise en scène inventive et portée par d’excellents comédiens
La scénographie, quant à elle, est minimaliste : pas de décor, seulement quelques accessoires symboliques. Pas de gestion logique de l’espace non plus – quand Tamar (l’Israélienne) et Virgile (le Français) sont censés être à une terrasse de café, ils se font face aux extrémités opposées de la scène. Pas de coulisses, ni de genre dramatique unique : les dialogues sont dits ou chantés, oscillant entre comédie et tragédie selon les moments.
La mise en scène, inventive et portée par d’excellents comédiens, traduit bien l’exaltation des débuts amoureux : l’amour se chante et se danse, avec une pointe d’humour, du moins au commencement.
Le tour de force de cette pièce repose sur Yoba, le chien, qui n’est pas un simple élément de décor, mais un acteur à part entière. Il joue un rôle central dans l’intrigue : il est à la fois le ciment du couple et un troisième protagoniste à part entière.
Une certaine trivialité dans les dialogues, flirtant parfois avec la scatologie
Ce qui risque de déstabiliser le public ? Une certaine trivialité dans les dialogues, flirtant parfois avec la scatologie, ainsi qu’un discours moralisateur sur la thérapie de couple et la séparation comme seule issue raisonnable à l’échec amoureux. On ressort avec une impression d’inachevé.
Sans lueur d’optimisme, la pièce nous montre un couple qui se consume dans le reproche, chacun espérant transformer l’autre, jusqu’à ce que l’amour ne devienne qu’une cohabitation désynchronisée.
Une pièce à voir, ne serait-ce que pour se réconcilier avec la vie, le couple et l’amour.
✍️ Gérard SERIE
Ahouvi – Les Célestins – Théâtre de Lyon – Informations pratiques
Adresse
Les Célestins
📍11 place des Célestins
69002 Lyon
🚇 Bellecour
📞 04 72 77 40 40
Dates
📅 Du 12 au 21 février – 20h30 (dimanche à 16h30)
Tarifs
De 8 à 26 €
De et mis en scène par Yuval Rozman
Avec Stéphanie Aflalo, Roxanne Roux, Gaël Sall, Yova (le chien) et un couple de comédiens amateur
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