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Du 16 au 20 janvier 2023 à 20h
Mémoires collectées collectifs 81%. Écriture de plateau Manon Agostini . Mise en scène Rodolphe Harro avec Manon Agostini, Camille Muche Prieux et Alice Vigneau
Photo Jules Agostini
Mémoires collectées – Le sujet
18 mars 1962 : les accords d’Évian sont signés et le Général de Gaulle annonce un cessez-le-feu marquant la fin de la guerre d’Algérie.
En 2022, un groupe d’élèves se retrouve au musée pour une visite personnalisée sur cet évènement historique. Guidés par une jeune historienne, cette exposition sera une invitation à en apprendre plus sur l’histoire de la révolution qui a fracturé tous les accords entre la France et l’Algérie.
Mémoires collectées – Critique
Faire coïncider le début de la guerre d’Algérie avec la manifestation du 8 mai 1945 à Sétif me parait un bon ancrage pour dérouler ensuite cette drôle de guerre qui ne disait pas son nom.
Cette piqure de rappel aujourd’hui, pour ceux qui l’on vécu de près ou pour les jeunes générations me parait indispensable, pour ne pas dire salutaire.
Dommage que cette écriture au plateau n’est pas assez explicite dans certaines scènes. Par exemple pourquoi cet homme agité sur son fauteuil n’arrive pas à exprimer son ressenti ?
Tout simplement parce qu’ancien appelé en Algérie il est encore traumatisé par ses souvenirs de guerre là-bas ou lorsqu’un jeune parle des harkis sans que l’on expliquer qui ils sont ?
A savoir que certains de ces algériens ont combattus contre leurs propres frères aux côtés de l’armée française et dont bon nombre ont été massacrés à l’indépendance.
Mémoires collectées : une mise en scène fine bien que classique
Au-là de ces quelques points historiques l’ensemble traité de manière chronologique me paru intéressant parce qu’il suit la progression des évènements, de la révolte des algériens à « l’exode » des pieds noirs en métropole, en passant par la rébellion armée qui a conduit à l’indépendance en 1962.
En omettant d’évoquer la « guerre » des chefs du FLN (Krim Bekacem …) ou du GPRA (Ferhat Abbas, Ahmed Ben Bella …) parce que chaque camp souhaitait s’emparer du pouvoir ou d’avoir passé sous silence la manifestation pacifique des algériens le 17 octobre 1961 à Paris et l’action destructrice de l’OAS qui a sévi en Algérie et en France, le collectif 81% se prive dans Mémoires collectées d’éléments importants qui font aussi partie de cette guerre d’Algérie.
Le décor minimaliste avec une immense vue d’un port (je présume de celui d’Alger à l’époque coloniale avec ses tramways) pour évoquer l’exil et la symbolique du tas de sable où l’on enfouit ses souvenirs, suffisent à fixer deux axes de développement de l’Histoire.
La mise en scène fine bien que classique, qui fait la part belle au jeu des actrices, tout comme l’idée de la visite d’un musée pour faire renaitre un pan de notre histoire coloniale, m’ont paru de bon augure.
J’ai un peu regretté qu’ u début du spectacle Alice Vigneau surjoue son personnage de guide de musée, en libérant son enthousiasme de manière presque hystérique alors qu’elle fut excellente tout au long de la pièce.
Mémoires collectées : un spectacle essentiel
Même petite remarque pour Camille Prieux qui n’avait pas à forcer le ton pour exprimer la peur, la colère ou l’angoisse, parce qu’elle est suffisamment bonne comédienne pour faire naître chez les spectateurs l’émotion au détour de scènes émouvantes.
J’ai apprécié les variations de jeu de Manon Agostini qui a su avec talent jouer sur toutes les nuances des personnages qu’ elle faisait naître sur scène.
Voilà un spectacle essentiel que les jeunes comme certains adultes auront plaisir à découvrir.
Gérard SERIE
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