Harvey de Mary Chase, mise en scène Laurent Pelly avec Jacques Gamblin, Pierre Aussedat, Christine Brucher, Thomas Condemine, Emmanuel Daumas, Grégory Faive, Katell Jan, Agathe L’Huillier, Lydie Pruvot, Kevin Sinesi
Harvey – La pièce
Elwood est un homme gentil d’une quarantaine d’années (cinquantaine dans sa nouvelle version) qui embarrasse son entourage. Il a un ami imaginaire, un lapin de deux mètres se prénommant Harvey qui ruine la vie sociale de sa sœur. Cette dernière décide donc de l’emmener dans un hôpital psychiatrique.
Harvey – Critique
En assistant à cette comédie délirante écrite en 1944 , certains spectateurs parmi les plus âgés, se souviendront du film HARVEY d’ Henry Koster (1950) avec James Stewart.
Dans cette histoire familiale Vita Simmons et sa fille Clémentine ne supportent plus la honte que leur inflige leur frère et oncle, Elwood P. Dowd. Celui-ci parle sans cesse de son ami Harvey, que personne d’autre que lui ne voit. Mais lorsque Vita accompagne son frère à l’asile, rien ne se passe comme prévu : les psychiatres laissent partir Elwood et pensent devoir interner sa sœur.
Les quiproquos s’enchaînent et, alors que tous se lancent à la recherche d’Elwood, les limites entre mensonge et vérité, norme et folie, se font de plus en plus troubles. Et si Harvey était plus réel qu’on le pense ?
Harvey : un spectacle riche en quiproquos
On pourrait dire que c’est un drôle de conte, une sorte de farce désopilante mélancolique mais aussi et surtout une comédie, voire au final un vaudeville grinçant, drôle mais en même temps triste qui met en scène une petite société bourgeoise et conventionnelle bien réglée, que la folie délirante et allucinatoire d’un rêveur va mettre tout sens dessus dessous.
Ce spectacle riche en quiproquos, loufoque et touchant, interroge en creux notre rapport à la norme.
C’est cette histoire de fou qui va détraquer cette petite mécanique bien huilée d’un petit monde tranquille .
Avec cette pièce sur la tolérance et la différence , mais sur la solitude aussi et surtout sur le pouvoir de l’imagination, le spectateur entame avec Harvey un voyage entre salon bourgeois et asile d’aliénés et finit par se demander : Qui est le fou ?
Harvey : Jacques Gamblin exprime toutes les facettes de ce personnage complexe
Le décor très judicieux qui se déploie et se transforme au gré des scènes sur un fond unique grâce à des éléments modulables: en salon, hôpital psychiatrique … permet une grande liberté de jeu aux comédiens .
Laurent Pelly a bien fait de confier au formidable comédien Jacques Gamblin le rôle du doux fou, Elwood. Cela permet à travers cette pièce où l’humour et la drôlerie est présente, au grand Jacques d’exprimer toutes les facettes de ce personnage complexe et surtout de son immense talent.
Harvey : une mise en scène pleine de trouvailles
Telle une troupe à la Déchiens, tous les autres comédiens interprètent à merveille des personnages caricaturaux avec une sorte de plaisir jouissif dans une gestuelle à la Charlot .
La mise en scène bien réglée et pleine de trouvailles est à l’image du personnage déconnecté d’une réalité palpable : alerte et décalée. Elle crée dans le décor d’un salon bourgeois un certain désordre au sein des protagonistes. Pièce plaisante à voir sans réserve
Gérard SERIE