Cinéma
Le retour des hirondelles de Li Ruijun - Critique du film
C’est l’histoire d’un mariage arrangé, entre deux êtres méprisés par leurs familles. Entre eux, la timidité fait place à l’affection. Autour d’eux, la vie rurale se désagrège…

Une partie de campagne
Ce conte rural intimiste rend un hommage vibrant au monde de la campagne chinoise.
Malgré sa durée (2h13) ce film contemplatif emporte le spectateur grâce à la simplicité de son sujet, celui d’une histoire d’amour forte et exclusive entre deux êtres qui vivent au rythme des saisons, en suivant le cycle des cultures et des migrations d’oiseaux.
Ce couple hors du commun vit en marge d’une société urbaine que l’on pressent agitée et de leurs familles qui les rejettent parce qu’elles n’acceptent pas leur union peu conventionnelle.
Un immense chant d’amour
Plus qu’un film sur le mode de vie à la campagne, Le Retour des hirondelles est un immense chant d’amour, de poésie et d’humanité que le réalisateur nous livre sous forme d’un mélodrame qui frappe deux éclopés de la vie, qui est d’une beauté incroyable et d’un bouleversement total.
Ce film modeste par son budget mais véritable oeuvre d’art, nous séduit d’abord par la pureté de sa narration et l’expression des sentiments qui s’y expriment, mais surtout quand nous apprenons que c’est le réalisateur lui même, avec sa famille (frère, père, oncle, cousin) et de l’acteur principal Wu Renlin, qui ont construit de leurs mains la ferme du film et fait pousser les cultures jusqu’à leur moisson.
Ni misérabiliste à proprement parler, ni larmoyant le film dénonce aussi en arrière plan les ravages de la politique chinoise de modernisation à marche forcée du pays, avec la destruction des masures à la campagne et de relogement des paysans les plus pauvres dans des immeubles qui ressemblent plus à des “clapiers à lapins” qu’à des appartements où ils trouveront leur bonheur.
Des prises de vue grandioses
Les prises de vues de paysages sont grandioses et splendides, les plans serrés sur les visages ou certains détails se concentrent sur l’essentiel, dans une sobriété et une douceur inouïes, qui nous rappellent le travail de très grands cinéastes de l’intime.
Les spectateurs remarqueront qu’il n’y a aucune scène d’amour charnel ou de dénonciation ouverte de la politique chinoise qui affirme ” qu’il n’y a plus de pauvres en Chine” , même si Le retour des hirondelles n’échappe pourtant pas à la censure.
Ce film est certes lent mais d’une grande intelligence, avec un couple d’interprètes extraordinaires et une esthétique mise au service de la narration.
Gérard Sérié
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